Depuis le printemps, les Murs à Pêches ont renoué avec leur passé de terres de cultures à notre plus grand plaisir et au prix d'un travail obstiné et collectif. En février-mars, des graines sèment sagement dans le confort des maisons des fermiers fleuristes. Fin mars, on prend gants, pelles et masques et on les plante dans la terre préalablement mise en condition.
Tout de suite les mauvaises herbes se mettent à grandir, avec une ardeur que nos fleurs choisies leur jalousent un peu. On les regarde avec émotion, ces enfants de la terre tellement robustes et pleins de vie. Mais aussi avec une pointe de découragement car elles prolifèrent si vite que le désherbage est un travail constant. Elles ne sont pas folles pour un sou, elles poussent, élégantes, pleines de charme, elles se font belles pour nous tromper. Déguisées en fleurs, elles ressemblent à s'y méprendre à celles qu'on a plantées. Leur tenue de camouflage nous fait hésiter lorsqu'on s'apprête à les arracher. Leur charme est trompeur et nous le savons. Si on les laisse, elles s'enrouleront autour de nos plantes qui ne fleuriront jamais. Alors on passe des heures à démêler à la main le vrai du faux pour que nos fleurs voient le jour.
Dur travail que celui du désherbage...
Mauvaises herbes, ça sonne comme une insulte, comme une déclaration de guerre, aux antipodes de notre façon d'aborder la terre et de travailler avec la nature. Herbes folles, c'est déjà mieux, on a envie de les regarder. Vagabondes, on les suit. Adventices, dit la science, c'est moins parlant. Ici, ces plantes nuisent à la croissance des nôtres. On les déracine parce qu'on n'a pas d'autres solutions. Ailleurs, en d'autres temps, peut-être même dans d'autres parcelles de Murs à Fleurs, elles seraient les bienvenues. Leur vitalité, leurs propriétés, leur rôle dans l'écosystème nous les rendent très sympathiques. Parfois une d'entre elles parvient à nous tromper et se retrouve dans l'un de nos bouquets. C'est un accident de la nature que nous accueillons avec joie, nous donnons une place à ces mytho-voyageuses, comme les appellent les Flower Lover qui nous apportent leur aide précieuse dans cette labeur. Nous ne voulons pas tout maîtriser. Nous aimons trop la terre pour se priver de ses surprises. Nous voulons plus que tout travailler à son rythme. Merci à celles et ceux qui ont courbé l'échine pendant des heures pour arracher patiemment les mauvaises herbes. Ils/elles sont des fées qui veillent sur nos fleurs et participent à rendre possible notre rêve d'une ferme florale à deux pas de Paris !
Post Scriptum du bonheur : L'Eloge des vagabondes de Gilles Clément nous offre une superbe promenade en compagnie de plantes sauvages qui se déplacent pour mieux s'adapter, des variétés étonnantes qui font le tour du monde, qui ont des vertus médicinales, pour la terre, culinaires... Un livre en forme de voyage pour tous les (Wild) Flower Lover.
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